Fonction publique: les premiers résultats traduisent une poussée réformiste Voir les résultats en version PDF
Les premiers résultats des élections professionnelles dans la Fonction
publique d'Etat, rendus publics vendredi, traduisent une poussée des
organisations réformistes selon les experts, qui pointent notamment la
progression de FO et de l'Unsa et une érosion de la CGT.
Au lendemain du scrutin pour lequel environ deux millions d'agents de l'Etat étaient appelés à élire leurs représentants dans des instances équivalentes
aux comités d'entreprise du privé, le ministre de la Fonction publique, François Sauvadet a dévoilé des résultats provisoires.
Selon ces résultats qui ne comptabilisent pas les votes aux Finances (165.000 inscrits) ni à la Justice (75.000 inscrits), la FSU reste en tête
avec 19,1%, devant FO qui recueille 16,2% des voix. Les derniers résultats plaçaient les deux organisations respectivement à 20,6% et 15,4%.
Pour Anne Baltazar (FO), "si les résultats sont logiques, on tient la corde pour la première place dans la Fonction publique d'Etat", la FSU n'étant pas
présente aux Finances.
"Pour l'instant tout va bien, les résultats sont bons", a assuré pour sa part Bernadette Groison (FSU), notant que l'organisation confortait sa
première place à l'Education.
L'Unsa, qui était quatrième et se hisse en troisième position (15,3%), salue de son côté "des résultats très satisfaisants" qui montrent "le fort
attachement des agents à nos valeurs humanistes et réformistes".
Viennent ensuite la CFDT (14,5%), sur une "pente ascendante" selon l'une de ses représentantes Brigitte Jumel, la CGT (12,8%), Solidaires (6,2%), la CGC
(5,8%) et la CFTC (3,9%).
En présentant ces résultats, M. Sauvadet a indiqué que le taux de participation sur l'ensemble des scrutins était de 51,2%, un chiffre affecté
par le mauvais score à l'Education (40,4%).
En dehors de ce taux "pas prodigieux", Guy Groux, chercheur à Sciences-Po souligne que ces premiers résultats sont à considérer avec précaution car
ils omettent les Finances, soit près de 15% des inscrits.
Il constate néanmoins que les "syndicats qui ne sont pas forcément favorisés dans le privé, comme la FSU, l'Unsa ou FO, tirent totalement leur épingle du
jeu", pointant notamment une "forte progression de l'Unsa".
Bernard Brière, de l'Institut de Recherches économiques et sociales (Ires), relève pour sa part une "montée du pôle réformiste" (Unsa, CFDT et FO) et
émet une hypothèse: "un appel à la négociation".
Pour Bernard Vivier, de l'Institut supérieur du travail, "la bonne surprise est pour FO, tandis que la CGT s'érode un peu", le résultat des Finances
risquant toutefois de modifier la donne.
Pour les syndicats, qui défendent leur droit à négocier mais aussi leurs moyens, l'enjeu de ce scrutin est crucial car les règles de représentativité
ont changé avec la loi du 5 juillet 2010 sur la rénovation du dialogue
social.
Pour rester représentatives, les organisations doivent obtenir des sièges dans les différentes instances, ce qui les oblige à franchir des seuils
s'échelonnant entre 3% et 7,5% (contre 10% dans le privé).
Au vu des premiers résultats, M. Vivier, estime que la CFTC passe "assurément à la trappe", tandis qu'il faut vérifier pour la CGC. M. Brière
relève que "les petits syndicats ont un peu progressé, mais n'ont pas
atteint ce qu'il faut pour être représentatif".
Vincent Hacquin, responsable CGC, assure toutefois que l'organisation restait représentative, notant que "personne ne disparaît pour l'instant".
Les résultats des ministères économiques devraient être connus dans la soirée de vendredi. Les agents du ministère de la Justice ne voteront que le
22 novembre en raison de couacs dans la préparation.
Les résultats pour la Fonction publique hospitalière où un million d'agents étaient également appelés à voter jeudi, devraient être communiqués en début
de semaine prochaine.
Par Charlotte HILL